Ton seul pouvoir, c'est le syndicat !
Il faut se syndiquer …
La société capitaliste nous pousse à accepter le travail salarié et son cortège de galères (précarité, bas salaires, cadences, pressions de la hiérarchie,…) et de soumission (situation de subordination, d’infantilisation) comme un mal nécessaire. Elle nous offre comme seul espace de « liberté » le fait de nous replier sur notre « vie privée ». Seul, ou en couple, en famille ou en bandes de potes, …, peu importe. On voudrait nous faire croire qu’il faudrait accepter les conditions imposées par les patrons, pour avoir en retour le salaire qui permet de construire notre « vraie vie ». On essaye de cloisonner ces deux mondes et de séparer sa sphère « privée » de celle du travail.
Pourtant il est bien difficile d’empêcher les conséquences du salariat de peser sur nos vies. Les fins de mois difficiles, l’ennui, le stress et la dépression que l’on ne laisse pas à la porte de notre entreprise ou de Pôle Emploi, pèsent sur nos vies. La solution est selon nous au contraire de se réapproprier nos vies de travailleurs et de travailleuses. Ce que nous produisons, ou participons à produire, ce que nous transportons, distribuons, les services que nous offrons, c’est cela aussi notre vie, c’est cela l’impact que nous avons sur la société. Notre travail est à nous, pas aux patrons ! Même s’ils pensent nous l’acheter pour un salaire. Et pour ne pas que cette partie de notre existence que nous passons à travailler se résume à l’ennui et la soumission, il faut que nous soyons forts face à nos patrons.
Pour cela il existe un outil qui a fait ses preuves : le syndicat ! Il faut s’unir dans nos professions, étendre notre sociabilité et notre solidarité non plus seulement à nos familles et amis, mais à tous ces camarades qui vivent la même réalité que nous. Unis et forts c’est à nous d’imposer notre voix et de reprendre le contrôle, de reconquérir ces sept heures par jour que les patrons pensent pouvoir nous confisquer.
… mais se syndiquer pas n’importe comment !
Si vous pensez que le syndicalisme sert à augmenter les salaires, ou encore que vous ne pouvez pas vous syndiquer parce que vous êtes dans une petite entreprise vous avez en partie raison. Vous avez sans doute bien compris le modèle qui domine actuellement.
Le syndicat devrait donc ne servir qu’à négocier quelques améliorations ? Seules les personnes travaillant dans des entreprises assez grandes y auraient droit ?
Il faudrait répondre « oui » si on se contentait de ce modèle, celui du syndicat d’entreprise. Pourtant une autre forme de syndicat existe, est possible et a déjà largement fait ses preuves. Plutôt que d’accepter la manière dont les patrons organisent l’économie en la divisant en une multitude d’entreprises, le modèle historique du syndicalisme a longtemps été celui du syndicat professionnel (le syndicalisme par industrie).
Il s’agit tout simplement d’avoir un syndicat par activité dans chaque localité. Pour mener une activité dans une entreprise précise, le groupe de syndiqués concernés s’y organisent en une section de ce syndicat. Rien de plus simple et de plus efficace. Pas besoin de monter un syndicat petit et inutile dans chaque boîte, pas besoin de se mettre en danger en étant seulement une poignée, des camarades de toutes les boîtes peuvent se réunir. Pas la peine d’attendre d’être nombreux dans la même entreprise pour commencer à s’organiser !
Chacun peut donc se syndiquer sans que son patron ne soit au courant. A l’heure de la précarité, de la sous-traitance, des très petites entreprises, on ne peut plus se permettre de multiplier les syndicats de boîtes peu efficaces dans bien des cas et inaccessibles pour beaucoup de travailleurs et de travailleuses. Alors quand on vous invite à vous syndiquer on ne vous propose pas de suivre le syndicalisme vers le mur dans lequel il se précipite s’il ne change pas de stratégie, mais de participer à le remettre sur les rails ! Les syndicats appartiennent à celles et ceux qui les font vivre, c’est la responsabilité de tous et toutes de se les approprier et de s’en servir !
Et se syndiquer pour gérer la société.
Le véritable but du syndicalisme n’est pas d’augmenter les salaires ou de négocier trois ou quatre améliorations des conditions de travail. Son objectif est de dépasser le capitalisme pour ne pas avoir justement à lutter pendant des siècles. Cela s’appelle la Révolution, et même si le terme à été usé et abusé, il signifie simplement un changement de régime, une coupure radicale, la mise en place d’une nouvelle société par la suppression de l’Etat capitaliste qui nous domine.
Et ça a un rapport direct avec le fait de s’organiser par profession. Car outil de résistance aujourd’hui, le syndicat doit devenir un organe de gestion de la société demain. Le syndicalisme, par profession est une alternative à la gestion patronale qui éclate chaque branche en entreprises concurrentes. Nous pensons que les travailleurs et les travailleuses seront dans l’avenir, s’ils s’en donnent les moyens, capables de gérer l’économie, en s’organisant au niveau des branches.
Ces branches professionnelles sont coordonnées dans des Unions Locales, des Unions Départementales et une Confédération nationale. La société sera ainsi structurée à un niveau interprofessionnel. Encore une foi c’est plus simple, plus logique, plus rationnel et plus efficace. Cela revient simplement à dire que les personnes les mieux qualifiées pour constater un besoin et y répondre, c’est à dire les personnes qui travaillent dans les professions qui produisent de quoi combler ce besoin, auraient le pouvoir d’organiser ces professions.
Une ville a besoin de logements ? Au syndicat de la Construction de s’organiser pour les bâtir ! Tel village a un réseau de mauvaise qualité ? Au syndicat des Télécommunications de l’améliorer, etc, … C’est bien plus efficace que les nombreuses magouilles des entreprises capitalistes : appels d’offres et délits d’initiés, réseaux de copains et pots de vins, sous-traitance et exploitation des travailleurs-euses.
Nous pouvons tout bonnement mieux gérer la société, d’une manière plus simple, plus cohérente et plus juste. Et pourquoi ? Tout simplement parce que nous sommes les plus qualifiés pour le faire : nous sommes derrière les productions et les services qui font tourner cette société !
Nous ne voulons pas produire pour faire des bénéfices individuels mais pour réaliser des marchandises et des services de qualités. C’est la différence entre syndicalisme et capitalisme. Nous n’avons pas besoin des patrons pour gérer nos besoins. Le problème est que nous avons été éduqué à penser que nous ne sommes que des exécutants, des subalternes, des êtres inférieurs. En réalité nous avons pour nous nos expériences et nos savoirs-faire.
Alors organisons-nous pour recréer immédiatement des espaces de liberté et d’entraide... et pour préparer la Révolution.
Syndiquons-nous en masse !