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Lutte contre la Loi Travail:

préparer la suite !

 

Citoyennisme ou lutte des classes ?

La lutte contre la loi MEDEF-PS-CFDT continue, après une première bataille de 5 mois. Il s’agit désormais d’empêcher l’application de la loi en combattant les décrets d’application et la négociation d’accords dans les entreprises par des collabos.
Le nouvelle bataille doit conserver sa nature interprofessionnelle mais aussi donner encore plus de poids à la défense de nos conventions collectives nationales et statuts dans chaque secteur économique. Mais ce combat ne peut être victorieux que si nous réalisons un bilan de nos faiblesses. Car nous n’avons pas réussi à faire reculer nos adversaires alors que ces derniers sont très fragilisés. C‘est donc la mauvaise organisation des travailleurs et l’absence de stratégie cohérente qui ont empêché notre victoire. Nous avons la force numérique d’écraser nos adversaires. Mais la force ne suffit pas, il faut également des outils de luttes et une stratégie efficace.

Les débats stratégiques ont été pollués par les conceptions sociale-démocrates. Ces conceptions reposent sur la croyance selon laquelle nous vivrions dans une démocratie contrôlée par des « citoyens » qui décident lors des élections. Le gouvernement serait alors le représentant des citoyens électeurs.

Cette croyance nie donc la nature de classe de l’état bourgeois. Ce dernier est pourtant contrôlé et géré par une bureaucratie directement intégrée à la bourgeoisie. Cela est vrai pour les hauts fonctionnaires, pour les cadres supérieurs des services publics mais aussi les parlementaires (de droite comme de gauche). Or la stratégie de lutte a été largement déterminée par l’objectif de faire pression sur le gouvernement « de gauche ». Cette stratégie était donc totalement incohérente et idéaliste étant donné que les représentants de la bourgeoisie ne peuvent mener une politique opposée à leurs propres intérêts de classe.


Les manifestations de masse n‘avaient alors aucune chance d’aboutir à une victoire. C’est d’ailleurs ce qu’avait déjà démontré l’échec de la lutte en 2010 sur les retraites. Se focaliser sur des pétitions internet ou sur des occupations de places la nuit s’intégrait au même schéma défaitiste. Ces modalités d’actions n’avaient d’intérêt que pour assurer une propagande, mais rien de plus.


Les courants spontanéistes ou « autonomes », avec leurs actions de blocages, d’occupation ou même d’affrontement avec la police ne constituent qu’une forme radicalisée de ce même schéma social-démocrate de pression sur le gouvernement. Casser des vitrines (d’ailleurs assurées) est la forme la plus spectaculaire et irrationnelle de montrer sa frustration d’avoir été « trahis » par des politiciens bourgeois !!! 
Mais les luttes les plus efficaces sont souvent les moins spectaculaires pour les media et les adorateurs d’internet.

Après deux mois de bataille, la grève générale est enfin apparue comme la stratégie centrale pouvant offrir la victoire. L’appel à la généralisation de la grève, votée en avril au congrès confédéral par les syndicats CGT, a ouvert une perspective commune aux travailleurs organisés. La grève dans les raffineries, dans les transports, dans les déchetteries, dans l’énergie… a montré son impact sur les intérêts des capitalistes. Elle a aussi rappelé que la société repose sur le travail de notre classe sociale. A telle point que cette grève interprofessionnelle, pourtant très partielle, a failli faire basculer la situation. Une extension, même réduite, aurait alors totalement démoralisé l’adversaire.

Mais pour cela il aurait fallu que les travailleurs soient massivement organisés syndicalement dans d’autres branches professionnelles. Ce qui pose la question des outils de lutte et de vie. Si cette organisation avait existé il aurait également été plus facile de transmettre l’expérience des générations précédentes. Celles de 1906, de 1936, de 1944 et de 1968 qui avaient intégré que la lutte des classes repose sur l’organisation syndicale et donc sur la construction de la grève générale.


Cela renvoie donc à la Charte d’Amiens qui, dans la mentalité actuelle des militants, a été remplacée par la conception citoyenniste. La Charte d’Amiens, votée au congrès de 1906 de la CGT, offre aux travailleurs la stratégie de la grève générale. Une perspective qui passe, dans la culture ouvrière, par la construction immédiate d’outils de lutte. Ces outils sont utiles chaque jour pour animer nos luttes et nous organiser en contre-société.
Mais ils servent aussi à mener la dynamique révolutionnaire puis à gérer le Socialisme. Ces outils de lutte existent encore aujourd’hui, mais ils sont peu ou mal utilisés par les travailleurs.

Des outils pour construire une stratégie victorieuse

Le premier outil, de base, est le « Syndicat d’Industrie ». Il regroupe tous les travailleurs d’une même profession (dans un même département ou une même ville). Un syndicat dans la métallurgie, un dans la santé, un dans les transports,… Il permet de créer une section syndicale dans chaque entreprise. Mais il assure aussi l’organisation des travailleurs précaires (CDD, intérimaires, saisonniers,…), des retraités (salariés grâce aux cotisations sociales), des privés d’emploi (chômeurs) et des travailleurs en formation (apprentis, lycéens, étudiants, en formation continue). Tous dans un même syndicat de branche !

Ceux qui ne disposent pas de sections dans leur entreprise peuvent ainsi aller renforcer les piquets de grève de leur syndicat. Ces syndicats professionnels locaux sont structurés en « Fédérations nationales d’Industrie ». Une pour chaque branche professionnelle. Ces fédérations coordonnent les luttes en unifiant les droits des travailleurs de la branche à travers des Conventions Collectives Nationales. La Confédération syndicale coordonne les Fédérations afin d’unifier les luttes interprofessionnelles et donc de généraliser une grève. Les syndicats sont également organisés sur une base territoriale afin de faire vivre la solidarité de classe locale mais aussi de créer une contre-société. C’est la fonction des Bourses du Travail ou « Unions locales ». Leur objectif est de socialiser, c’est-à-dire d’intégrer un maximum de travailleurs à une vie sociale. Tous les aspects de la vie sociale y sont donc gérés collectivement sur une base de classe : formation, culture, sports, entraide, logement…


L’activité des Bourses du Travail est à l’opposé du repli sur soi. Elle refuse la fuite en avant vers des logiques affinitaires, communautaires ou identitaires. La bourgeoisie nous a imposé ses loisirs antisociaux. Elle tente de nous enfermer dans la famille et dans des réseaux d’individus qui se ressemblent… et qui tournent en rond tout en s’appauvrissant humainement. Elle soutient le schéma des associations repliées sur des activités sectorielles et la gestion de la misère, ne permettant donc pas une remise en cause global du système. La Bourse du Travail développe, au contraire, des activités spécifiques (jeunes, retraités, femmes, immigrés…) mais intégrées à l’organisation sociale, c’est-à-dire à la Confédération, à tous les travailleurs. C’est ce schéma qui a impulsé la mise en place de la Sécurité Sociale.


Or cette absence de dimension sociale a certainement été notre principale faiblesse. Car il est totalement irréaliste d’envisager que les travailleurs se lancent dans une grève générale, quand au quotidien ils ne sont pas intégrés à une vie sociale. Car la grève générale, c’est la vie sociale qui passe à l’offensive. Ce n’est pas à travers sa famille, sa bande de potes, son club de sport, son association, son parti ou son collectif de lutte qu’on peut le faire.

Notre tendance syndicale appelle donc tous les travailleurs à se syndiquer. Et pour ceux qui le sont déjà, à participer activement à la vie sociale de leur syndicat et de leur confédération. Car les statuts démocratiques de nos syndicats n’ont d’utilité que si les adhérents agissent comme acteurs et non pas comme consommateurs.

L’émancipation des travailleurs sera l’oeuvre des travailleurs eux-mêmes.

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