
Interview avec des camarades catalans de embat.info
Souhaitant présenter notre organisation aux camarades espagnols et donner notre point de vue sur la situation en France, les CSR se sont entretenus avec embat.info, réseaux de militants catalans de tradition libertaire conscients des lacunes rencontrées ces dernières décennies et promouvant le débat avec un objectif : "mettons-nous dans une situation dans laquelle nous pouvons promouvoir les organisations nécessaires à notre pratique révolutionnaire quotidienne".
Pour la version catalane c'est par ici.
En français et castillan (espagnole) ci-dessous
Que sont les CSR ? Est-ce une organisation ? Est-ce une tendance ? Comment cela fonctionne ?
Les CSR souhaitent donner une orientation et des débouchés politiques aux pratiques syndicales. Nous sommes donc une organisation politique révolutionnaire du syndicalisme. Cependant, afin que nous ne soyons pas hors-sol ou en dehors du prolétariat déjà organisé en syndicats, nous apparaissons en tant que tendance syndicale, c’est-à-dire que nous agissons à l’intérieur de l’organisation de classe et non à l’extérieur comme le font les partis, les avant-gardes et toutes organisations dites « spécifiques ». L’organisation des CSR reprend le modèle fédéraliste syndical : des comités locaux pour représenter des territoires et des comités d’industrie pour représenter des branches professionnelles.
Contrairement aux sociaux-démocrates et aux gauchistes nous ne reprenons pas la conception bourgeoise du travail, c’est-à-dire la situation d’exploitation. Nous estimons que toute activité humaine relève du travail et donc que rien ne saurait être étranger au syndicalisme. Nous ne saucissonnons donc pas le militantisme en une multitude de luttes spécifiques. Nous reprenons le schéma social de la CGT historique en gérant les questions avec les outils adaptés. Par exemple avec des commissions dans les syndicats : immigration, femmes, jeunesse, logement, handicap, sports et culture,….
Nous défendons une stratégie et des pratiques syndicales dans l’activité quotidienne de nos organisations de classe mais aussi lors des congrès. Notre tendance assure un gros travail d’élaboration et de formation afin de pallier les faiblesses des confédérations dans ce domaine.
Nos militants interviennent coordonnés dans la cadre de la Double besogne, c’est-à-dire que chaque action est pensée dans la dynamique de construction d’une contre société prolétarienne qui prépare la rupture révolutionnaire et la socialisation des moyens de production. La tendance sert donc de repère permanent pour garder notre autonomie politique dans le cadre du système capitaliste que nous combattons et qui essaie de nous intégrer.
Nous ne pouvons détailler publiquement notre implantation. En revanche, nous pouvons affirmer que nous disposons, de par nos réseaux militant-e-s, sympathisant-e-es et de contacts, de suffisamment de vision d’ensemble pour pouvoir agir, nous coordonner, sur différentes branches professionnelles (transports, construction, services publics, éducation, chimie, nettoyage, action sociale, presse-livre, métallurgie, ….) structures syndicales, localités, ainsi que d’influencer des moments clés de la vie confédérale, sociale ou lors de mobilisations en France.
Nous pensons que la CGT n’a jamais été véritablement contrôlée par le PCF mais qu’au contraire, à partir de 1923 beaucoup de syndicalistes révolutionnaires se réfugient dans le PCF afin de l’utiliser comme repli institutionnel et comme source de financement.
Le congrès de 1924 du PCF marque la modification de la composition sociale du parti. Les SR, à tous les niveaux de l’appareil, sont désormais en poste de responsabilité. Pierre Semard, ancien membre du Comité central des CSR devient secrétaire du PC. Pierre Monatte anime le journal l’Humanité.
C’est ce qui fera la force du PCF, de puiser ses militants dans la CGT et de profiter du savoir-faire syndicaliste et de ses connaissances. Ce qui explique aussi pourquoi aucune autre organisation affinitaire n’a réussi à développer une implantation dans la classe depuis la crise du PCF. C’était un parti créé et géré par des syndicalistes. Depuis 20 ans il a perdu cette composition de classe.
Après la chute du bloc soviétique beaucoup de syndicalistes « communistes » ont pris leur distance du PCF. Il existe toujours des réseaux affinitaires actifs dans la CGT mais ils ne sont pas vraiment dirigés par des fractions philosophiques organisées de l’extérieur. Ils n’ont pas de ligne politique. Ainsi certaines fédérations et unions départementales sont affiliées à la FSM et développent une phraséologie d’inspiration marxiste léniniste. Mais lors du dernier congrès confédéral, la fédération de l’agroalimentaire, bastion historique de la FSM, s’est opposée à d’autres fédérations de la FSM.
Les membres de ces réseaux, tout comme ceux d’inspiration trotskiste ou libertaire, se coordonnent ponctuellement pour renforcer leur capital culturel personnel mais ils ne portent aucune stratégie alternative. L’appartenance affinitaire, en dehors de la confédération, sert de justification à un syndicalisme d’accompagnement, radical dans l’expression et les actions mais social-démocrate puisqu’il ne développe aucune perspective concrète de rupture avec le capitalisme. Ces réseaux continuent la fonction tribunitienne du PCF, c’est-à-dire à gérer la contestation, mais dans le cadre du système.
Chaque militant fais un choix de carrière, certains dans les institutions républicaines, dans le milieu associatif, dans le monde culturel et intellectuel, dans des entreprises « alternatives »… et d’autres dans le syndicalisme. Le PCF et ses diverses sensibilités, tout comme les autres réseaux, sont utilisés comme lieu de rencontres et de réseautage mais il n’y a aucune démarche collective vers un projet commun.
Le principal obstacle à l’unification demeure l’absence de perspectives. Il peut y avoir des intérêts bureaucratiques à fusionner des organisations pour maintenir des appareils fragilisés. C’est le cas avec le processus actuel de débat sur la réunification entre la FSU (principale fédération autonome de l’éducation) et la CGT. Solidaires, confrontée à une crise de développement durable, commence aussi à y réfléchir.
Mais sans projet de société, les syndicalistes sont condamnés à subir la domination mentale et structurelle de la bourgeoisie. Quand tu n’as plus de vie sociale et que tu t’enfermes dans des relations affinitaires, que tu reproduis le mode d’existence de la bourgeoisie, que tu perçois le capitalisme comme indépassable, pourquoi voudrais tu ouvrir ton organisation syndicale aux autres ? Les syndiqués, tous comme les militants, défendent actuellement leurs intérêts immédiats, sans se projeter et se fédérer aux autres.
C’est pourquoi nous estimons que sans dynamique de Double besogne, le syndicalisme va continuer à se décomposer entre confédérations mais aussi dans chaque confédération.
La réunification n’est donc possible qu’en réinscrivant un projet révolutionnaire dans le développement d’une sociabilité de classe qui nous réapprend à construire notre vie collectivement. Le projet final, vers lequel nous avançons, étant une société égalitaire qui intègre tous les individus.
Le syndicalisme révolutionnaire est très bien synthétisé par la Charte votée au congrès confédéral d’Amiens en 1906. On ne pourrait être plus clair et synthétique. C’est dans ce texte qu’est explicité la stratégie de la Double besogne.
Mais c’est un texte confédéral, voté également par les réformistes qui subissent alors l’action hégémonique des révolutionnaires. Il n’aborde pas la question de la tendance syndicale. Il peut donner l’illusion que le syndicat est automatiquement révolutionnaire s’il est animé en majorité par des SR. Or nous pensons que le syndicat ne peut devenir révolutionnaire qu’en période pré-révolutionnaire, c’est-à-dire que quand il regroupe une majorité de travailleurs possédant une vision globale et détaillée de l’industrie, que cette majorité ne veut plus obéir aux pouvoirs capitalistes. Mais c’est seulement quand elle adopte un projet révolutionnaire que la situation devient révolutionnaire. C’est-à-dire une élaboration matérielle des moyens de réorganiser l’industrie. Car la révolution ce n’est pas seulement un sentiment de révolte alimenté par quelques concepts théoriques du genre « vive le communisme » (« libertaire » ou pas). Ce projet lui permet de passer à l’offensive et à assumer sa fonction gestionnaire sur les ruines du capitalisme.
La fonction de la tendance est justement de préparer, dans les organisations de la classe, cette élaboration et cette transmission du programme politique. La confédération révolutionnaire n’est matérialisée que par un processus de fusion de la tendance SR et de la confédération de masse. Sans ces deux outils une situation pré-révolutionnaire, souvent limitée dans le temps, ne peut dépasser cette phase et laisse rapidement l’adversaire reprendre l’initiative ou alors donne automatiquement le pouvoir, privatisé, aux militants qui disposent du savoir théorique ou intellectuel. C’est la porte ouverte à la bureaucratisation comme celles qui ont marqué la Russie en 1917 et l’Espagne en 1936.
Dans ces deux processus la tendance SR est devenue une nécessité mais trop tard. La création de l’Opposition ouvrière russe et des CSR français en 1920 et des Amis de Durruti en 1937 sont des réponses matérielles à une situation objective, au besoin d’un outil qui manquait. Mais l’élan révolutionnaire est déjà très fragilisé, ce qui amène ces tendances, encore fragiles car trop récentes, à être victimes de la répression et de la démoralisation.
La mobilisation contre la loi travail et contre la réforme des retraites se sont focalisées sur des manifestations massives de citoyens qui quittaient leur activité professionnelle par différents moyens (la grève mais surtout des congés, des jours de RTT, de garde d’enfants,…). Le capitalisme n’a donc été que peu déstabilisé, sauf dans quelques rares branches (le rail, l’énergie, le transport maritime).
La faiblesse des grèves dans les professions a obligé les secteurs militants et les syndicalistes à multiplier les actions de blocages. Ils se sont substitués à l’action collective de la classe qui ne s’organisait pas en dehors des manifestations régulières et très massives.
Cela a montré la fragilité du syndicalisme institutionnel et l’impact négatif de la Gauche qui consiste à se focaliser sur les institutions républicaines sans s’attaquer au patronat. Cette vision sociale-démocrate de la lutte des classes est partagée par toutes les sensibilités, des militants PS jusqu’à l’ultragauche.
La nécessité de la grève se trouve fragilisée par l’individualisme qui est un obstacle à l’organisation syndicale dans les entreprises et les professions. Il apparaît donc nécessaire de recréer une conscience collective basée sur la stratégie de la Double-besogne. Nos militants sont également très investis sur des associations sportives et de quartier où nous faisons revivre une sociabilité ouvrière, non pas limitées à une affinité ou à une communauté mais ouvertes à toute la classe.
Les idées d’extrême droite progressent rapidement parmi les classes populaires et pas seulement dans la petite bourgeoisie qui constituait historiquement la base sociale de l’extrême droite. Heureusement, le Rassemblement national, tout comme les organisations fascistes, ont du mal à organiser leurs sympathisants. Cependant leur implantation progresse. Les jeunes prolétaires sont de plus en plus contaminés par une adhésion confuse aux thèses de l’extrême droite. Cela est d’autant plus facile que tous les secteurs de la gauche, de la social-démocratie classique aux libertaires, ont abandonné l’analyse de classe au profit d’un populisme radicalisé.
Ils incitent leur membres à devenir des travailleurs indépendants (paysans écolos, artisans du bâtiment, auto-entrepreneurs des services, artistes en free lance, patrons de bars,…). Leur concept de « les petits contre les gros » non seulement ne clarifie pas la nature de classe de l’extrême droite, ne dénonce pas sa composition bourgeoise, mais renforce la dérive populiste.
La stratégie idéaliste de la Gauche, basée sur des discours théoriques et des actions antifascistes déconnectées de la classe, a montré son incapacité à contre-attaquer.
Le capitalisme a renforcé la complexité de son organisation, dans les branches d’industrie mais aussi au niveau international. La stratégie toyotiste a volontairement cassé les équipes de travail et favorisé une externalisation basée sur l’individualisme. Pourtant le capitalisme n’a jamais été autant intégré.
Cette complexification du capitalisme rend totalement inefficace les stratégies alternatives qui se voulaient concurrentes du SR. Ces stratégies basées sur l’Etat-nation ou sur la coordination des collectifs locaux perdent toutes perspective anticapitaliste.
Un projet de société communiste passe nécessairement, plus qu’avant encore, sur un programme de socialisation des branches professionnelles, au niveau du local, du pays et du mondial. Il faut remettre les métiers et le travail au cœur de la stratégie révolutionnaire et abandonner les dérives activistes, idéalistes et communautaristes. C’est pourquoi les CSR ont lancé des Réseaux d’Industrie afin d’intégrer un maximum de militants dans des stratégies de syndicalisme d’industrie pour aider nos syndicats à ensuite le faire. Etape nécessaire pour créer une dynamique révolutionnaire crédible pour les prolétaires, un vrai projet de société basé sur la transformation du travail. En commençant immédiatement grâce à la Double-besogne.
C’est aussi pourquoi les CSR désirent participer à la création d’une tendance SR internationale pour sortir de la simple publication de textes vaguement anticapitalistes, comme le font les réseaux militants internationaux, et fédérer concrètement les militants révolutionnaires sur une réflexion et une action dans leurs industries internationales.
La Charte d’Amiens offre une stratégie qui permet l’unification organique du prolétariat, comme contre-société, comme embryon du Socialisme. Elle rappelle que cette contre-société n’est possible que s’il existe une confédération syndicale unitaire. Car bien évidemment il n’y aura pas deux Socialismes dans un même pays. Les prolétaires ne pourront gérer leurs industries avec 3 ou 10 fédérations syndicales concurrentes. Sinon on reproduira la désorganisation qui existait pendant les révolutions russes et espagnoles et qui a favorisé l’apparition rapide d’un capitalisme d’état.
L’unité syndicale du prolétariat est l’élément central du SR. Au contraire, lors de la vague de reflux du début des années 1920, certains syndicalistes affectés par le pessimisme se sont repliés sur des logiques de création de confédérations affinitaires. La proclamation d’une adhésion à une philosophie (que cela soit à l’anarchisme ou à l’Internationale communistes à partir de 1928) a simplement justifié la division et n’a pas apporté une réflexion stratégique critique, bien au contraire.
C’est en quoi l’anarcho-syndicalisme, tout comme le « syndicalisme communiste » sont des dérives du SR confronté alors à une décomposition du mouvement ouvrier. Ce phénomène a d’ailleurs affecté la CNT espagnole qui dans les années 1920 abandonne sa référence à la Charte d’Amiens et au SR pour se diviser en plusieurs morceaux affinitaires.
Dans les années 1990 la France a été marquée par un développement rapide de l’anarcho-syndicalisme. La CNT s’est implantée dans certaines professions et à gagner une influence importante dans la jeunesse militante. En parallèle, les syndicats SUD, organisés dans l’Union Solidaires, ont regroupé autour de leur identité altermondialiste des dissidences syndicales et beaucoup de jeunes.
Ces pôles de regroupement auraient pu peser sur une recomposition syndicale, proposer une réunification porteuse de remises en cause. Mais ils se sont enfermés dans une dynamique anarcho-syndicaliste et ont fini par reproduire les mêmes schémas bourgeois, avec une profusion de tensions internes, de scissions et un vide stratégique total. La référence à une philosophie a permis de recruter mais au final elle ne sert plus qu’à justifier l’existence d’organisations sans projet de société. Des milliers de jeunes sont passés par la CNT et SUD et on en retrouve énormément à des postes de responsabilité à la CGT, à gérer une pratique sociale-démocrate classique avec un discours radical et artificiel. Ils reproduisent dans la CGT leur anarcho-syndicalisme de jeunesse : gérer un morceau de l’appareil, sans aucune perspective de classe et en justifiant leur fonction tribunicienne par une référence à un groupe ou à une philosophie affinitaire.
Beaucoup de militants sincères se sont épuisés à vouloir créer de nouvelles organisations de masse, à les construire tout en devant également produire une stratégie révolutionnaire. Débordés par le travail, ils n’ont finalement réussi à faire ni l’un ni l’autre. Cette crise du modèle anarcho-syndicaliste en France explique pourquoi la CGT continue d’attirer à elle la grande majorité des jeunes militants et jeunes prolétaires qui veulent agir syndicalement. Et ce malgré la situation très inquiétante de la CGT.
Le syndicalisme d’industrie est une stratégie qui repose sur l’organisation de la classe sur la branche professionnelle. Les syndicats de base ne recrutent pas en fonction du métier ou de l’institution capitaliste (privé ou publique) mais par rapport à la marchandise ou au service produit.
Cette stratégie repose donc sur le syndicat et la fédération d’industrie. Ils sont coordonnés au niveau territorial dans des Unions Locales interprofessionnelles (les UL) et au niveau du pays dans une Confédération pour socialiser l’action.
Le syndicalisme d’industrie n’est pas le monopole des SR. Des réformistes ou des sociaux-démocrates peuvent y voir aussi une efficacité immédiate.
Mais pour les SR c’est un fondement car il détermine la Double besogne. Au quotidien le syndicat d’industrie unifie tous les prolétaires de la branche (en formation, privés d’emplois, précaires, en CDI et en retraite) en donnant ainsi une force de frappe et une connaissance globale de l’industrie, de chaque filière, chaque métier et chaque situation de travail. Mais surtout c’est le seul outil capable de se doter d’un programme de réorganisation de la branche. Chose que ne peuvent pas faire un groupe affinitaire, un collectif ponctuel, un comité de lutte, une coopérative,… C’est pourquoi un syndicaliste ne peut donner une dimension révolutionnaire à son action qu’en intervenant de façon organisée dans le syndicalisme d’industrie pour l’orienter vers une rupture révolutionnaire.
Il est régulièrement reproché aux CSR de dénoncer les organisations affinitaires. Cette affirmation est souvent un moyen pour elles d’éviter le débat que nous proposons systématiquement.
Car nous respectons et nous appliquons la Charte d’Amiens. Les CSR sont animés par des camarades de diverses appartenances philosophiques, ce qui non seulement permet une mutualisation des expériences individuelles mais empêche également des tensions artificielles. Ils adhèrent exclusivement sur la base d’une pratique inscrite dans une démarche stratégique.
C’est pourquoi le seul reproche que nous nous permettons d’adresser aux organisations affinitaires c’est de ne souvent pas respecter leur rôle. Un groupe affinitaire, adhérent ou non d’un parti, n’a pas fonction de mobiliser sur les questions de logement, d’exploitation capitaliste, d’éducation ou même d’appeler à la grève ! Cela n’a pas plus de sens que de vouloir enfoncer un clou avec un tournevis !
Depuis la crise du mouvement ouvrier des années 1920, il est devenu normal que les groupes affinitaires se substituent aux organisations de masse et ce dans tous les domaines. Cela a pour résultat une inefficacité totale de leur intervention puisque leur action n’est pas en capacité de mobiliser massivement et dans la durée. Elles s’enferment dans une succession de luttes, isolées, souvent sans lendemain et sans participer à la création d’une contre société de classe. Elles favorisent ainsi une profusion de collectifs, associations ou comités gérant des problématiques partielles et alimentant automatiquement les réflexes sociaux-démocrates.
Enfermées dans cette stratégie d’agitation permanente les groupes affinitaires n’assurent pas leur fonction d’éducation politique de base : par exemple appeler les prolétaires à se syndiquer pour se socialiser.
Et au final les organisations affinitaires oublient de réaliser ce pourquoi elles se sont construites : réfléchir à un projet de société, à une stratégie pour y accéder, tout en popularisant leurs propositions. Dans une démarche socialiste, l’organisation affinitaire ne peut aller au-delà d’un travail de réflexion et d’éducation. Et c’est déjà beaucoup ! La transformation sociale devant nécessairement passer des organisations sociales, c’est-à-dire de masse.
Cette rigueur nous nous l’appliquons aussi à nous. Les CSR refusent systématiquement d’intervenir directement dans les luttes quand nous estimons que nos organisations syndicales peuvent le faire. Il est hors de question de se substituer à la classe. Nous avançons des propositions dans les assemblées générales de syndiqué(e)s. Et c’est seulement si les propositions ne sont pas adaptées que nous intervenons en tant qu’organisation révolutionnaire, en sachant très bien que l’impact sera moindre.
C’est pourquoi nous mettons l’accent sur la culture ouvrière du travail afin de se rappeler à quoi sert et comment doit être utilisé chaque outil. Il est indispensable de se réapproprier la connaissance de chacun de ces outils (confédération, syndicat, groupe affinitaire, tendance,…) si nous voulons réaliser de belles œuvres.
Dans quels syndicats, fédérations et territoires exercez-vous une influence ? (si tu peux le dire)
La CGT n'est-elle plus contrôlée par le PCF ?
Voyez-vous l’unification du syndicalisme français possible ?
Qu'est ce que le syndicalisme révolutionnaire ?
Après les manifestations contre la Loi Travail, quelle est la situation sociale en France ?
Comment gérez-vous la montée de l’extrême droite en France ? Est-ce que cela entraîne le déclin de la classe ouvrière ?
Que diriez-vous à quelqu’un qui vous dit que le syndicalisme révolutionnaire était une bonne chose il y a 100 ans, mais que maintenant – étant donné le fonctionnement de la société – il est impraticable ?
Cela nous semble être de l’anarcho-syndicalisme, quelle serait la différence ? Où en est l’anarcho-syndicalisme en France ?
Vous revendiquez également le syndicalisme industriel, qu’est-ce que cela signifie ?
Complément
Entretien en castillan (espagnole)
¿Qué son los CSR? ¿Es una organización? ¿Es una tendencia? ¿Cómo funcionan?
Los CSR desean dar una orientación y salidas políticas a las prácticas sindicales. Somos, por tanto, una organización política revolucionaria del sindicalismo. Sin embargo, para no situarnos al margen del proletariado ya organizado en sindicatos, aparecemos como una tendencia sindical, es decir, actuamos dentro de la organización de clase y no fuera de ella, como hacen los partidos, las vanguardias y todas las organizaciones llamadas "específicas". La organización de los CSR sigue el modelo sindical federalista: comités locales para representar a los territorios y comités de industria para representar a las ramas sectoriales.
A diferencia de los socialdemócratas y los izquierdistas, no adoptamos la concepción burguesa del trabajo, es decir, la situación de explotación. Creemos que toda actividad humana entra dentro del concepto de trabajo y, por tanto, que nada puede ser ajeno al sindicalismo. Por ello, no dividimos la militancia en una multitud de luchas específicas. Retomamos el modelo social histórico de la CGT y gestionamos los problemas con las herramientas adecuadas. Por ejemplo, con comisiones sindicales sobre inmigración, mujeres, juventud, vivienda, discapacidad, deportes y cultura, .....
Defendemos una estrategia y una práctica sindicales en el día a día de nuestras organizaciones de clase, pero también en los congresos. Nuestra tendencia lleva a cabo una gran labor de desarrollo y formación para compensar las debilidades de las confederaciones en este ámbito.
Nuestros militantes intervienen de forma coordinada en el marco de la Doble Tarea, lo que significa que cada acción está pensada dentro de la dinámica de construcción de una contra-sociedad proletaria que prepare la ruptura revolucionaria y la socialización de los medios de producción. La tendencia sirve así de referencia permanente para mantener nuestra autonomía política en el marco del sistema capitalista que combatimos y que intenta integrarnos.
¿En qué sindicatos, federaciones y territorios tiene influencia? (si se puede decir)
No estamos en condiciones de detallar públicamente nuestra implantación. Sin embargo, podemos decir que, a través de nuestras redes de militantes, simpatizantes y contactos, tenemos una visión de conjunto suficiente para poder actuar y coordinarnos en diferentes sectores profesionales ( transportes, construcción, servicios públicos, educación, química, limpieza, acción social, prensa y libros, metalurgia, ....), estructuras sindicales y localidades, así como para influir en momentos clave de la vida de la confederación, de la sociedad o durante las movilizaciones en Francia.
¿La CGT-F ya no está controlada por el PCF?
Creemos que la CGT nunca estuvo realmente controlada por el PCF sino que, por el contrario, a partir de 1923 muchos sindicalistas revolucionarios se refugiaron en el PCF para utilizarlo como recurso institucional y como fuente de financiación.
El congreso del PCF de 1924 marcó un cambio en la composición social del partido. Los SR ocupan ahora puestos de responsabilidad en todos los niveles del aparato del partido. Pierre Semard, antiguo miembro del Comité Central del CSR, se convirtió en secretario del PCF. Pierre Monatte dirigió el periódico l'Humanité.
Esta era la fuerza del PCF, que extraía sus militantes de la CGT y se beneficiaba de su saber hacer y sus conocimientos sindicales. Esto explica también por qué ninguna otra organización afín ha logrado implantarse en la clase trabajadora tras la crisis del PCF. Era un partido creado y dirigido por sindicalistas. En los últimos 20 años ha perdido esta composición de clase.
Tras la caída del bloque soviético, muchos sindicalistas "comunistas" se distanciaron del PCF. Todavía había redes de afinidad activas en la CGT, pero en realidad no estaban dirigidas por fracciones filosóficas organizadas desde el exterior. No tienen una línea política. Algunas federaciones y sindicatos departamentales están afiliados a la Federación Sindical Mundial (FSM) y desarrollan una fraseología inspirada en el leninismo marxista. Pero en el último congreso confederal, la federación agroalimentaria, bastión histórico de la FSM, se opuso a las demás federaciones de la FSM.
Los miembros de estas redes, como las de inspiración trotskista o libertaria, se coordinan de vez en cuando para reforzar su capital cultural personal, pero no siguen ninguna estrategia alternativa. La afiliación por afinidad, al margen de la confederación, sirve para justificar un sindicalismo de acompañamiento, radical en la expresión y la acción, pero socialdemócrata, ya que no desarrolla ninguna perspectiva concreta de ruptura con el capitalismo. Estas redes continúan la función de tribuna del PCF, es decir, gestionar la disidencia, pero en el marco del sistema. Cada militante hace una elección de carrera, algunos en instituciones estatales, en el voluntariado, en el mundo cultural e intelectual, en empresas "alternativas"... y otros en el sindicalismo. El PCF y sus diversas sensibilidades, al igual que las demás redes, se utilizan como lugar de encuentro y de trabajo en red, pero no existe un movimiento colectivo hacia un proyecto común.
¿Veis posible la unificación del sindicalismo francés?
El principal obstáculo para la unificación sigue siendo la ausencia de perspectivas. Puede haber intereses burocráticos en fusionar organizaciones para mantener aparatos debilitados. Es el caso del actual debate sobre la reunificación entre la FSU (Federación Sindical Unitaria) (principal federación autónoma de enseñanza) y la CGT. Solidaires, enfrentada a una crisis de desarrollo duradero, también empieza a pensar en ello.
Pero sin proyecto de sociedad, los sindicalistas están condenados a sufrir la dominación mental y estructural de la burguesía. Cuando ya no hay vida social y te encierras en relaciones de afinidad, cuando reproduces el modo de existencia de la burguesía, cuando percibes el capitalismo como insuperable, ¿para qué vas a querer abrir tu organización sindical a los demás? Los sindicalistas, como los activistas, defienden actualmente sus intereses inmediatos, sin proyectarse ni federarse con los demás.
Por eso creemos que sin una dinámica de Doble Tarea, el sindicalismo seguirá fragmentándose entre confederaciones, pero también dentro de cada confederación. Por lo tanto, la reunificación sólo es posible reinscribiendo un proyecto revolucionario en el desarrollo de una sociabilidad de clase que nos enseñe a construir nuestras vidas colectivamente. El proyecto último, hacia el que avanzamos, es una sociedad igualitaria que incluya a todos los individuos.
¿Qué es el sindicalismo revolucionario?
El sindicalismo revolucionario se resume muy bien en la Carta adoptada en el Congreso Confederal de Amiens de 1906. No puede ser más clara y concisa. Es en este texto donde se explica la estrategia de la Doble Tarea.
Pero se trataba de un texto confederal, votado también por los reformistas, que sufrían entonces la acción hegemónica de los revolucionarios. No abordaba la cuestión de las tendencias sindicales. Podía dar la ilusión de que el sindicato era automáticamente revolucionario si la mayoría de sus miembros eran SR. Pero creemos que el sindicato sólo puede volverse revolucionario en un período prerrevolucionario, es decir, cuando reúne a una mayoría de trabajadores con una visión global y detallada de la industria, cuando esta mayoría ya no quiere obedecer a los poderes capitalistas. Pero sólo cuando se adopta un proyecto revolucionario la situación se convierte en revolucionaria. Es decir, una elaboración material de los medios para reorganizar la industria. Porque la revolución no es sólo un sentimiento de revuelta alimentado por algunos conceptos teóricos como "viva el comunismo" (libertario o no). Es un proyecto que le permite pasar a la ofensiva y asumir su papel de dirección sobre las ruinas que deja el capitalismo.
La función de la tendencia es precisamente preparar, en las organizaciones de clase, esta elaboración y transmisión del programa político. La confederación revolucionaria sólo se materializa mediante un proceso de fusión de la tendencia SR y de la confederación de masas. Sin estas dos herramientas, una situación prerrevolucionaria, a menudo limitada en el tiempo, no puede superar esta fase y permite rápidamente al adversario retomar la iniciativa o cede automáticamente el poder, privatizado, a los militantes que poseen los conocimientos teóricos o intelectuales. Esto abre la puerta a una burocratización como la que marcó a Rusia en 1917 y a España en 1936.
En ambos procesos, la tendencia SR se convirtió en una necesidad, pero demasiado tarde. La creación de la Oposición Obrera Rusa y de los CSR franceses en 1920 y de los Amigos de Durruti en 1937 fueron respuestas materiales a una situación objetiva, a la necesidad de una herramienta que faltaba. Pero el impulso revolucionario era ya muy frágil, lo que hizo que estas tendencias, aún frágiles por ser demasiado nuevas, fueran víctimas de la represión y la desmoralización.
Tras las protestas de la Loi du Travail, ¿cómo está la situación social en Francia?
La movilización contra la Ley del Trabajo y contra la reforma de las pensiones se centró en manifestaciones masivas de ciudadanos que abandonaron sus puestos de trabajo por diversos medios (huelgas, pero sobre todo permisos, días libres, guarderías, etc.). Así pues, el capitalismo sólo se desestabilizó ligeramente, salvo en algunos sectores poco frecuentes ( ferrocarriles, energía, transporte marítimo). La debilidad de las huelgas en las profesiones obligó a los sectores militantes y a los sindicalistas a multiplicar las acciones de bloqueo. Ocuparon el lugar de la acción colectiva de la clase, que no se organizó fuera de las manifestaciones masivas programadas.
Esto demostró la fragilidad del sindicalismo institucional y el impacto negativo de la izquierda, que consiste en centrarse en las instituciones del Estado sin atacar a la patronal. Esta visión socialdemócrata de la lucha de clases es compartida por todos, desde los militantes del PS hasta la ultraizquierda. La necesidad de la huelga se ve debilitada por el individualismo, que es un obstáculo para la organización sindical en las empresas y las profesiones.
Por tanto, parece necesario recrear una conciencia colectiva basada en la estrategia de la Doble Tarea. Nuestros militantes están también muy implicados en las asociaciones deportivas y de barrio, donde reavivamos una sociabilidad obrera que no se limita a una afinidad o a una comunidad particular, sino que está abierta a toda la clase trabajadora.
¿Cómo lleváis el auge de la extrema derecha en Francia? ¿Arrastra a la clase trabajadora?
Las ideas de extrema derecha se están abriendo paso rápidamente entre la clase trabajadora, y no sólo entre la pequeña burguesía que históricamente ha constituido la base social de la extrema derecha. Afortunadamente, el Rassemblement National, al igual que las organizaciones fascistas, tiene dificultades para organizar a sus partidarios. Sin embargo, su número aumenta. Los jóvenes proletarios están cada vez más contaminados por una adhesión confusa a las tesis de la extrema derecha. Esto se ve facilitado por el hecho de que todos los sectores de la izquierda, desde la socialdemocracia clásica hasta los libertarios, han abandonado el análisis de clase en favor de un populismo radicalizado. Animan a sus miembros a convertirse en autónomos (eco-agricultores, artesanos de la construcción, proveedores de servicios, artistas freelance, dueños de bares, etc.). Su concepto de "los pequeños contra los grandes" no sólo no aclara la naturaleza de clase de la extrema derecha ni denuncia su composición burguesa, sino que refuerza la deriva populista.
La estrategia idealista de la izquierda, basada en discursos teóricos y acciones antifascistas desconectadas de la clase, ha demostrado su incapacidad para contraatacar.
¿Qué le diríais a quien os dice que el SR estaba bien para hace 100 años, pero que ahora -dado como funciona la sociedad- es impracticable?
El capitalismo ha incrementado la complejidad de su organización, tanto dentro de las industrias como a escala internacional. La estrategia toyotista ha roto deliberadamente los equipos de trabajo y ha fomentado la subcontratación basada en el individualismo. Sin embargo, el capitalismo nunca ha estado tan fuerte.
Este aumento de la complejidad del capitalismo hizo totalmente ineficaces las estrategias alternativas que pretendían competir contra el SR. Estas estrategias, basadas en el Estado-nación o en la coordinación de colectivos locales, pierden toda perspectiva anticapitalista.
Un proyecto de sociedad comunista depende, más que nunca, de un programa de socialización de los sectores profesionales, a escala local, nacional y mundial. Hay que volver a situar los oficios y el trabajo en el centro de la estrategia revolucionaria y abandonar las derivas activistas, idealistas y sectarias. Por ello, los CSR han lanzado las Redes de Industria para implicar al mayor número posible de sindicalistas en las estrategias del sindicalismo de base y ayudar luego a nuestros sindicatos a hacerlo. Este es un paso necesario para crear una dinámica revolucionaria creíble para el proletariado, un verdadero proyecto de sociedad basado en la resignificación del trabajo. Empezando inmediatamente por la Doble Tarea.
Esta es también la razón por la que los CSR desean participar en la creación de una tendencia SR internacional que vaya más allá de la simple publicación de textos vagamente anticapitalistas, como hacen las redes internacionales de militantes, y que federe de manera concreta a los militantes revolucionarios en torno a la reflexión y la acción en sus industrias a nivel internacional.
Esto nos suena a anarcosindicalismo, ¿cuál sería la diferencia? ¿Cuál es el estado del anarcosindicalismo en Francia?
La Carta de Amiens ofrece una estrategia para la unificación orgánica del proletariado, como contra-sociedad, como embrión del Socialismo. Nos recuerda que esta contra-sociedad sólo es posible si existe una confederación sindical unitaria. Porque, evidentemente, no puede haber dos Socialismos en un mismo país. Los proletarios no podrán gestionar sus industrias con 3 o 10 federaciones sindicales en competencia. De lo contrario reproduciremos la desorganización que existió durante las revoluciones rusa y española y que favoreció la rápida aparición del capitalismo de Estado.
La unidad sindical del proletariado es el elemento central del SR.
Por el contrario, durante la ola de decadencia de principios de los años 20, algunos sindicalistas afectados por el pesimismo se replegaron en la lógica de la creación de confederaciones de afinidad. La proclamación de la adhesión a una filosofía determinada (ya fuera el anarquismo o la Internacional Comunista a partir de 1928) no hacía más que justificar la división y no aportaba ninguna reflexión estratégica crítica, sino todo lo contrario.
Por eso el anarcosindicalismo, como el "sindicalismo comunista", fue una rama del SR, que se enfrentó entonces a la descomposición del movimiento obrero. Este fenómeno afectó también a la CNT española, que en los años veinte abandonó a la Carta de Amiens como referente y al SR y se escindió en varias afinidades.
En los años 90, Francia se caracterizó por un rápido desarrollo del anarcosindicalismo. La CNT se implanta en ciertas profesiones y adquiere una influencia significativa entre los jóvenes activistas. Al mismo tiempo, los sindicatos SUD (solidarios, unitarios y democráticos), organizados en la Unión sindical Solidaires (Solidarios), agruparon a los disidentes sindicales y a muchos jóvenes en torno a su identidad antiglobalización.
Estos polos de agrupación podrían haber influido en la recomposición sindical, proponiendo una reunificación que hubiera cuestionado la actualidad. Pero se encerraron en una dinámica anarcosindicalista y acabaron reproduciendo los mismos esquemas burgueses, con profusión de tensiones internas, escisiones y un vacío estratégico total. La referencia a una filosofía ayudó a reclutar gente, pero al final sólo sirvió para justificar la existencia de organizaciones sin visión global de la sociedad. Miles de jóvenes han pasado por la CNT y la SUD, y muchos de ellos ocupan ahora puestos de responsabilidad en la CGT, gestionando una práctica socialdemócrata clásica con un discurso radical y artificial. Reproducen en la CGT el anarcosindicalismo de su juventud: gestionando una pieza del aparato, sin ninguna perspectiva de clase y justificando su función de tribunos mediante una mención a un grupo o a una filosofía de afinidad.
Muchos militantes sinceros se han agotado intentando crear nuevas organizaciones de masas, construyéndolas al mismo tiempo que tenían que elaborar una estrategia revolucionaria. Abrumados por su trabajo, acabaron siendo incapaces de hacer ni lo uno ni lo otro. Esta crisis del modelo anarcosindicalista en Francia explica porque la CGT sigue atrayendo a la gran mayoría de los jóvenes militantes y jóvenes proletarios que quieren implicarse en el sindicalismo. Y ello a pesar de la muy preocupante situación de la CGT.
También reivindicáis el sindicalismo de industria, ¿qué quiere decir?
El sindicalismo de industria o de base es una estrategia basada en la organización de la clase sobre la base del sector profesional. Los sindicatos de base no reclutan en función de la profesión o de la institución capitalista (privada o pública), sino en función de la mercancía o del servicio producido.
Por tanto, esta estrategia se basa en el sindicato y la federación de industria. Se coordinan a nivel territorial en uniones locales interprofesionales (UL) y a nivel nacional en una Confederación para socializar la acción.
El sindicalismo de industria no es monopolio de los SR. Los reformistas y los socialdemócratas también pueden ver su eficacia inmediata.
Pero para los SR es fundamental, porque establece la Doble Tarea. En el día a día, el sindicato de industria reúne a todo al proletariado del sector (a los que están en formación, a los que están en paro, a los que tienen contratos precarios, a los que tienen contratos indefinidos y a los que están jubilados), lo que le confiere una fuerza de huelga y un conocimiento global de la industria, de cada sector, de cada oficio y de cada situación laboral. Sobre todo, es la única herramienta capaz de elaborar un programa de reorganización de la industria. Por eso un sindicalista sólo puede dar una dimensión revolucionaria a su acción interviniendo de forma organizada en el sindicalismo de industria para orientarlo hacia una ruptura revolucionaria.
Información complementaria :
A menudo se critica a los CSR por denunciar a las organizaciones de afinidad. Con frecuencia es una forma de evitar el debate que proponemos sistemáticamente. Respetamos y aplicamos la Carta de Amiens. Los CSR están gestionados por camaradas de distintas procedencias filosóficas, lo que no sólo permite poner en común las experiencias individuales, sino también evitar tensiones artificiales. Se unen exclusivamente sobre la base de una práctica que forma parte de un planteamiento estratégico.
Por eso, la única crítica que podemos hacer a las organizaciones de afinidad es que a menudo no respetan su papel. No es el papel de un grupo de afinidad, sea o no miembro del partido, movilizarse sobre cuestiones de vivienda, explotación capitalista, educación ¡o incluso convocar una huelga! No tiene más sentido que intentar clavar un clavo con un destornillador.
Desde la crisis del movimiento obrero en los años 20, era normal que los grupos de afinidad sustituyeran a las organizaciones de masas en todos los ámbitos. El resultado es que sus acciones son totalmente ineficaces, ya que no son capaces de movilizar a un gran número de personas a largo plazo. Se encierran en una sucesión de luchas aisladas, a menudo sin futuro y sin participar en la creación de una contra-sociedad de clases. Fomentan así una profusión de colectivos, asociaciones o comités que se ocupan de cuestiones parciales y alimentan automáticamente los reflejos socialdemócratas.
Encerrados en esta estrategia de agitación permanente, los grupos de afinidad no cumplen su función de educación política básica: por ejemplo, llamando al proletariado a afiliarse a los sindicatos para socializar.
Al final, las organizaciones de afinidad se olvidan de hacer aquello para lo que fueron creadas: pensar una visión de la sociedad y una estrategia para llegar a ella, al tiempo que popularizan sus propuestas. En un planteamiento socialista, la organización de afinidad sólo puede llegar hasta cierto punto en su labor de reflexión y educación. ¡Y ya es mucho! La transformación social debe pasar necesariamente por las organizaciones sociales, es decir, por las organizaciones de masas.
Nos aplicamos el mismo rigor. Nos negamos sistemáticamente a intervenir directamente en las luchas cuando creemos que nuestras organizaciones sindicales pueden hacerlo. No podemos reemplazar a la clase trabajadora. Presentamos propuestas en las asambleas generales de sindicatos. Y sólo si las propuestas no se adaptan intervenimos como organización revolucionaria, sabiendo muy bien que el impacto será menor.
Por eso hacemos hincapié en la cultura obrera del trabajo, para que recordemos para qué sirve cada herramienta y cómo deben utilizarse. Es imprescindible reapropiarse del conocimiento de cada una de estas herramientas (confederación, sindicato, grupo de afinidad, tendencia, etc.) si queremos obtener buenos resultados.