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La mort du syndicalisme étudiant
1995, dernière lutte offensive de la jeunesse

(Cliquez sur l'image ci-dessous pour accéder au texte pdf complet)

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  L’Histoire n’est pas seulement une gymnastique intellectuelle. L’étude des expériences passées doit servir de support à l’élaboration de stratégies, à la transmission des outils et de leur utilisation.

   L’expérience de la puissante lutte universitaire d’octobre-novembre 1995 a été étonnement occultée. Nous proposons, avec cette brochure, de lui consacrer sa première étude synthétique. Elle apparait comme la dernière lutte offensive menée en France. Mais elle marque aussi la fin du « syndicalisme » étudiant. Depuis, chaque mobilisation universitaire se structure sur des coordinations nationales où les pseudo « syndicats » étudiants agissent de façon marginale. Le phénomène est encore plus marqué dans les lycées avec la disparition des Comités d’Action Lycéens à la fin des années 1980.

   Aucun bilan n’a été tiré de cette réalité, ce qui souligne le fossé existant entre les confédérations syndicales et les « travailleuses et travailleurs en formation ». Un fossé qui condamne ces confédérations, sans réveil de leur part, à une mort certaine. Pourtant, le rajeunissement des syndicats a toujours été le principal enjeu des confédérations. Cette question prend une dimension exceptionnelle avec la vague de départs en retraite du centre de gravité générationnel du syndicalisme.

   Le danger serait donc de s’enfermer dans un conservatisme. Et ce d’autant plus si le conservatisme consiste à reproduire constamment les modèles qui ont échoué. Ce conservatisme ne s’inscrit pourtant pas dans la nature du syndicalisme historique de la CGT. En 1904 sont constituées, à l’initiative de Pierre Monatte, des Jeunesses Syndicalistes. Ce sont des commissions regroupant les jeunes dans chaque syndicat professionnel, chaque Bourse du Travail, UD et fédération. Elles se développent rapidement et sont légitimées par plusieurs congrès de la CGT et de la CGTU. Leur action, intégrée aux syndicats, a fait trembler la bourgeoisie.

   Dans l’après-guerre, l’institutionnalisation des confédérations syndicales les amène à s’aligner sur la social-démocratie. Cette dernière a pour fonction de gérer le compromis dans le cadre du système capitaliste. Les confédérations syndicales perdent alors progressivement leur analyse de classe (matérialiste) pour adopter celle de la bourgeoisie de gauche (idéaliste). Elles abandonnent l’organisation des jeunes travailleurs en formation à de pseudo « syndicats » étudiants et lycéens, censés transmettre la culture militante. Mais quelle culture militante ? Cette dérive est d’autant plus inquiétante que la législation, issue de la Libération, reconnait la nature et les analyses de classe de la CGT. En rupture avec l’idéologie du régime collaborationniste de Vichy, les corporations professionnelles, qui regroupent bourgeois et prolétaires, sont interdites. Les « syndicats » étudiants, n’ayant de fait pas une nature de classe, ne peuvent obtenir de reconnaissance juridique : ils restent officiellement des associations, rassemblant des membres venant et se destinant à différentes classes sociales.


 

Echecs systématiques et collaboration de classe

 

   Malgré toutes les déclarations les plus gauchistes, les corporations étudiantes et lycéennes demeureront la principale école de formation de l’encadrement capitaliste et du patronat de gauche. Quelques soient les étiquettes (UNEF, FIDL, CNT, FSE, SUD-Solidaires, SELA-CGT, Ensemble,…) elles ne serviront jamais d’outil de formation aux futurs syndicalistes. Ces corporations sont le lieu d’affrontements de toutes les fractions affinitaires de la sociale-démocratie, modérées ou radicales (gauchistes). On y apprend à animer des luttes sectorielles et corporatistes, à manœuvrer entre fractions philosophiques, à apporter son soutien extérieur et ponctuel aux luttes ouvrières, à démultiplier l’activisme sociétal, à se constituer un réseau de relations, à défendre un droit d’accès à la culture bourgeoise abstraite….

 

   Mais, après 5 ou 6 ans d’agitation universitaire, force est de constater que ces drôles de « syndicalistes » ne savent pas lire une feuille de paye, sont incapables de faire référence à leur diplôme dans une convention collective, et n’ont toujours aucun lien avec leur syndicat professionnel. L’intégration professionnelle se fait donc ensuite dans un cadre individualiste et une gestion de sa carrière personnelle. Une carrière facilitée par les compétences de management acquises dans la gestion des luttes des corporations étudiantes.

 

   On peut citer la très longue liste des anciens « camarades » étudiants passés à l’ennemi en dénonçant ces trahisons… Mais nous estimons, au contraire, que cette intégration ou ce maintien dans la bourgeoisie sont avant tout la conséquence logique de ce choix organisationnel. Il ne peut y avoir de culture du Travail dans une corporation étudiante puisque la formation professionnelle et syndicale est déconnectée de la production. C’est pourquoi être « confédéré » ne suffit pas. Les corporations, de par leur nature, sont gangrénées par la culture bourgeoise ! Leur mettre un logo où figure une clé à molette, un engrenage, ou tout autre outil ouvrier ne changera rien. Un coup de com’ ne transforme pas une réalité matérielle.

 

   Ni la CNT ni Solidaires n’ont tiré de bilan de leur choix de constituer des « syndicats » étudiants. C’est l’objectif de cette brochure qui tente de démontrer que le fait de les intégrer dans une confédération prolétarienne ne change rien à leur nature corporatiste et à leur incapacité à syndiquer durablement. Ce sont des passoirs !


 

Derrière le choix d’un outil, un projet politique

   Il est urgent pour chaque syndicaliste et chaque syndicat de s’emparer de cette réflexion si nous voulons vraiment faire vivre un syndicalisme de masse et de classe. La nécessité est d’autant plus forte à la CGT où la confusion est telle que certains proposent de créer des « Syndicats » Etudiants Lycéens et Apprentis et de faire voter cette déviation gauchiste lors du prochain congrès confédéral de 2023. On accélère ainsi la décomposition de nos syndicats professionnels. Après avoir exclu les intérimaires et les sous-traitants de nos syndicats, on va devoir refuser l’adhésion aux apprentis !

   Notre tendance estime qu’il est primordial et prioritaire de lancer une campagne de syndicalisation des jeunes prolétaires, en formation et en activité. Mais elle ne doit pas sombrer dans le confusionnisme le plus complet. C’est donc aux syndicats professionnels de syndiquer ! Nous savons que la jeunesse est contrainte de traverser une période de plus en plus longue d’instabilité, accumulant des phases de scolarisation, d’alternance, de contrats précaires, de passage par les TPE,…

 

   Les motions votées au 48ème congrès de la CGT n’ont toujours pas été appliquées et prêts de 100.000 adhérent-e-s de la CGT demeurent privés de syndicat de rattachement. Nous assistons parallèlement au saucissonnage de notre classe en fonction des statuts, institutions, discriminations et identités imposées par la bourgeoisie. Alors que des « Syndicat de Citoyens Handicapés » ou « Syndicat des Femmes Musulmanes » viennent d’être créés sur le modèle social-démocrate américain des community organizer, ouvrant la voie vers des corporatismes et des replis en tout genre, la CGT ne peut pas et ne doit pas entretenir cette division de notre classe !

   Chaque syndicat qui veut relancer son activité doit se fixer pour objectif de constituer une commission Jeunes (ou Jeunesses Syndicalistes) et de faire le point à l’ordre du jour des réunions, afin d’appliquer les décisions des congrès historiques de la CGT. Idem pour les autres problématiques sociales ou « sociétales » liées à l’exploitation capitaliste (privés d’emplois et précaires, égalité femmes - hommes, travailleurs immigrés, etc) : elles doivent être prises en compte et intégrées à l’échelle du syndicat, de l’UL ou de l’UD. Mais il est encore plus indispensable de constituer un syndicat d’industrie (construction, métallurgie, éducation, transport, etc.), pour chaque Fédération dans chaque département. Cela sera le seul et unique moyen d’appliquer nos décisions de congrès, d’en finir avec les « individuels » et en profiter pour syndiquer massivement une jeunesse ballottée de boîtes en boîtes. Nous pourrons aussi reprendre notre réflexion sur les qualifications et donc sur notre convention collective, et redevenir la Confédération Générale du Travail.


 

Alors, social-démocratie ou syndicalisme de classe ?


 

Nous espérons que la lecture de notre brochure aidera à clarifier la réflexion et à rajeunir nos organisations syndicales.

Culture et sociabilité

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Culure et sociabilité, brochure syndicaliste révolutionnaire (CSR)

   Le mouvement ouvrier ne s’est pas construit par la lecture des « grands » penseurs socialistes. Il n’a pas attendu la création des partis de Gauche. Il émerge des profondeurs de sa propre sociabilité. Les syndicats sont issus des sociétés de secours mutuels, elles-mêmes issues d'espaces de vie culturelle des travailleurs, comme les guinguettes et les goguettes.

   Contrairement aux croyances contemporaines et aux mythes de la Société des loisirs, nos anciens organisaient une vie sociale et culturelle bien plus riche que la nôtre. Même dans les campagnes les plus reculées, c’est cette sociabilité qui a construit une culture de classe faite de moments de convivialité quotidiens. Une culture de classe qui a permis au prolétariat de se constituer comme classe en soi et pour soi.

   Par exemple, les Bourses du Travail du début du siècle dernier, constituent un exemple abouti de cette culture ouvrière autonome, servant de tremplin à des offensives syndicales victorieuses. Leurs activités sportives, culturelles, éducatives … transmettaient aux travailleurs une joie de vivre, mais aussi une capacité à gérer leur existence collectivement, à s’intégrer à une Confédération toujours plus forte car ouverte à toute la classe et à toutes ses activités émancipatrices.

C’est cette contre-société prolétarienne qui a donné la force de contester la société bourgeoise !

C’est cette vie sociale qui a permis

de remporter des conquêtes sociales !

C’est cette expérience socialiste qui donnait chaire

à la construction du bien commun !

   L’objectif de cette brochure est de décrire ce qu’a été cette contre-société pour nous permettre de la reconstruire dès maintenant. Il s’agit également de comprendre le processus qui l’a démantelé. Les attaques de la bourgeoisie furent certainement des facteurs secondaires. La déstabilisation fut surtout le fait de dérives internes. La division philosophique qui substitua l’appartenance affinitaire à la culture de classe. Le repli individualiste qui laissa le syndiqué isolé face à l’offensive du mode d’existence bourgeois. L’apparition du syndicalisme d’entreprise destiné à négocier le prix de son intégration aux entreprises et institutions capitalistes.

   Cette culture affinitaire, individualiste et institutionnelle pollue le milieu militant depuis trop longtemps. Elle l’enferme dans les espaces de l’entre-soi, dans une atmosphère de pessimisme, dans une ambiance pesante et ennuyeuse. Elle lui retire toute capacité et toute expérience de vie sociale. Ce qui explique la grande difficulté des militants à s’adresser aux travailleurs et à les convaincre. Ce qui permet aussi de comprendre bien des peurs qui se cachent souvent derrière des discours très radicaux.

   L’objectif de cette brochure consiste donc à se réapproprier le savoir-faire passé pour l’appliquer au plus vite sur le terrain. Sport ouvrier (FSGT), Tourisme social, colonies de vacances, concerts et bals populaires, conférences, théâtre ouvrier, MJC autogérées, restaurants et bistrots ouvriers, …

A nous de faire revivre les jours heureux !

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