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Contribution des CSR pour le 51ème Congrès Confédéral CGT en avril 2016.

1/ Appliquer nos résolutions plutôt que se plier à la réorganisation territoriale de l’État !

 

La fédération des comités syndicalistes révolutionnaires (CSR) avait salué les résolutions du 49ème congrès confédéral qui concluaient à la nécessité de faire évoluer la forme d’organisation des syndicats. Ce congrès avait décidé clairement que le syndicat local de branche était une forme nécessaire au vu des évolutions du salariat. Mais depuis ce congrès le constat est très décevant : l’impulsion des fédérations, des UD et des UL dans ce sens se fait encore attendre. Or pendant ce temps-là le patronat se renforce dans le rapport de forces. Chaque jour nous perdons du terrain pour organiser de manière efficace les salariés, pour renforcer leur unité et leur solidarité. Les appels incessants des directions fédérales et départementales à « plus de vie syndicale » dans les syndicats sonnent creux. Le 50ème congrès n’a été qu’un constat d’échec sur cette question.

« Pas de syndiqués sans syndicat », voilà encore un slogan de plus qui ne trouve que très peu de traduction concrète. On accuse souvent des UL de garder des syndiqués isolés pour des raisons financières. Ce n’est pas faux, mais se pose-t-on les bonnes questions sur les réelles difficultés de moyens des UL ? Voilà une question de fond qui devrait être au cœur d’un congrès confédéral, avec des décisions claires qui seraient vraiment appliquées. 
Un tournant radical doit être pris, un effort important doit être fait et qui portera ses fruits, pour tourner le dos au syndicalisme d’entreprise. Il faut engager sérieusement le débat avec les syndicats de base, avec les UL, pour transformer la CGT en un ensemble solide de syndicats de branche locaux, qui pourront alors faire vivre aussi nos UL qui sont en grande difficulté. C’est de la responsabilité de tous les militants, à tous les niveaux.

Mais il semble bien que sur la question des structures de la CGT ce 51ème congrès va se préoccuper d’autre chose : quelles évolutions des UD et des comités régionaux avec les évolutions de l’organisation politique, conséquences de l’acte III de la décentralisation ? La fusion des régions, la création d’énormes agglomérations et de métropoles où le pouvoir politique se concentre, voilà les questions qui semblent être au centre du débat ! Ce n’est pas par le haut que la CGT doit faire évoluer ses structures, mais à partir de la base. Ce qui est encore à l’ordre du jour c’est l’application des décisions du 49ème congrès.

Se focaliser sur les structures de l’Etat et de ses dérivés (départements, métropoles, agglomérations, régions, etc.) traduit selon nous la dérive de l’institutionnalisation de la CGT. Comment allons-nous faire pour être présents dans toutes ces instances de collaboration de classes où on laisse des strapontins aux organisations syndicales ? Ne laisser aucune chaise vide ! Cela nous semble contradictoire avec les déclarations de notre secrétaire général qui appelait à moins de réunions et à plus de présence sur le terrain.

2/ Revendications confédérales et démocratie syndicale

Ces deux points sont intimement liés. « Syndiqué acteur et décideur », « Charte de la vie syndicale », « Charte des élus et mandatés », etc. Les structures les plus centrales de notre confédération (BC, CEC, CCN) devraient être celles qui donnent l’exemple.
Comment se fait-il qu’en juin 2015 ait été acceptée sans réaction la campagne pétition pour une hausse de 10 % du SMIC ? Cela revenait à demander un SMIC à 1600 € bruts … alors qu’à ce moment la revendication CGT était de 1700 €. Qui a décidé une baisse sur notre repère revendicatif ? Quelle valeur peut-on alors donner à celui-ci au sein même de notre confédération, à tous les niveaux ? 


Comment se fait-il que juste après que la CEC ait élu un nouveau secrétaire général, la revendication de 32h ait été publiquement affichée et relayée en interne dans plusieurs publications ? Alors que le repère revendicatif était encore à 35 heures ? Ce ne sont pas en priorité les directions fédérales et d’UD qu’il faut convaincre de la pertinence de cette revendication des 32h, mais les syndicats sur le terrain. Quel bilan fait-on aujourd’hui de l’appropriation de cette revendication, par ailleurs très justifiée ? C’est par un travail de terrain interne de débat, qui demande du temps, que cela sera possible. 


Comment se fait-il donc que la révision des repères revendicatifs ait été faite « au pas de charge » ? Ce n’est pas parce que c’est le CCN (et donc les fédérations et les UD) qui doit décider de cette révision que le temps nécessaire à un débat avec les syndicats ne doit pas être pris. C’est en s’assurant des moyens concrets de cette nécessité que l’on aura des repères revendicatifs vraiment solides, car vraiment partagés et appropriés par les syndicats.

Pour finir sur la question revendicative, nous constatons que chaque fois qu’il y a une expression sur la sécurité sociale professionnelle, celle-ci n’est défendue que de façon très timide. Chaque fois il est dit qu’elle permettrait de transférer des droits à la formation, à la couverture complémentaire santé, etc. Mais jamais cette revendication n’est défendue par ce qui constitue son cœur : le maintien du salaire entre deux emplois (et donc aussi sa progression au fur et à mesure des années d’expérience), c’est-à-dire la fin du chantage capitaliste sur les salariés. Est-ce parce que cela demanderait que l’on débatte clairement dans la CGT d’une autre société, tournant le dos au capitalisme, et des moyens nécessaires pour y arriver ?

3/ Une confédération, à quoi ça peut servir ?

Depuis le dernier congrès confédéral un constat doit être fait : les fermetures d’entreprises, avec ses milliers de suppressions d’emplois, ont amené à un niveau inconnu depuis quelques années des réactions offensives dans un combat qui peut sembler au premier abord comme défensif.

C’est la question de la recherche d’une solution, quelle qu’elle soit, qui ne laisse personne, ou le moins possible, sur le carreau. Plusieurs expériences de reprises d’entreprises sous diverses formes (SCOP, etc.) ont été menées par plusieurs syndicats CGT, avec leur UL, leur UD et leur fédération. Quelle richesse cela représente ! C’est bien la CGT qui est à la pointe de ce combat, des centaines de syndiqués impliqués dans ces luttes. Des milliers de salariés qui ne baissent pas la tête, qui refusent le « chèque valise » et défendent leur dignité. Des milliers de salariés qui se posent la même question : comment briser cette main de fer des actionnaires ? Et cela avec toute la lucidité nécessaire sur les limites d’une issue positive trouvée, sans aucune illusion sur ceux qui accourent (élus, préfets, etc.) quand ces milliers de salariés, aidés par la population alentour, ont réussi à imposer un tel rapport de force que les machines continueront à tourner.

Pourquoi, alors que ces expériences locales s’accumulent dans différents secteurs, aucun grand débat interne n’est-il organisé sur ce sujet ? Pourquoi ne réussit-on pas à mettre ensemble nos échecs, nos réussites, sur toutes ces luttes, sur un sujet très concret ? Ce débat est absolument nécessaire, il donnerait une perspective offensive à tous les syndicats.


Très souvent arrive de la confédération, sous forme de tract, la demande « d’un grand débat national » sur tel ou tel sujet. Alors qu’est-ce que l’on attend pour l’organiser ce grand débat dans la CGT, par la CGT vers la population, sur : comment lutter contre les licenciements ? quelles solutions ? quelles leçons tirons-nous des divers échecs et réussites ? quelles sont les limites ? quelles perspectives ? 
Quelles positions de la CGT face au mouvement des coopératives ? qu’est-ce que l’on en pense ? que construit-on ? 
Voilà autant de questions bien ancrées dans le réel, parce que ce sont des dizaines de milliers de salariés et de syndiqués CGT qui se les posent, aujourd’hui même.

4/ Stratégie confédérale des luttes

Les années passent et se ressemblent : une moyenne de deux à trois appels à « une journée nationale d’action » provenant du CCN. Lorsque des centaines de milliers de salariés étaient en lutte contre la réforme des retraites, des millions de manifestants, de nombreuses grèves, aucun appel national à reconduire n’est venu. Maintenant que la défaite se traduit par un recul dans le rapport de forces, recul que nous constatons tous, il faudrait multiplier les journées d’action à chaque « mauvais coup » provenant d’un gouvernement aux ordres du patronat, sans autre perspective que de manifester, jusqu’à la prochaine… 


La journée du 9 avril 2015 a eu un effet bénéfique pour la CGT après une crise de sommet, avec la manifestation à Paris. Mais déjà là, après une décision unanime, très vite, une fois revenu dans son organisation, on n’était plus tout à fait aussi d’accord… Et cette journée déboucha ensuite sur une pétition ! Et encore une fois sur une nouvelle journée le 8 octobre 2015 (auxquelles il faut ajouter la même chose pour des fédérations) qui, sans nous étonner, a été un échec.

A chaque CCN, plutôt qu’une réflexion sereine sur cette stratégie confédérale des luttes par appels réguliers à des « journées nationales d’action », on a droit à des surenchères. Si celles et ceux qui représentent leur organisation au CCN (les secrétaires généraux d’UD et de fédérations) étaient véritablement mandatés par les syndicats qu’ils sont censés représenter, prenaient la peine d’organiser une vraie consultation interne, un vrai débat, qui aurait tout son sens, nous pourrions avancer. Est-il inutile de se poser une telle question ? Ou alors est-ce que l’on continue à multiplier les appels à des « journées nationales d’échecs » ? A la place nous avons le droit à des tempêtes dans des verres d’eau pour savoir si oui ou non la CGT va aller à une nouvelle conférence sociale, ou alors y aller mais en partant avant la fin, etc. Qui se pose la question de savoir ce qu’en pensent les syndiqués, les syndicats, les UL, et les salariés ?

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